En 2020, le rapport Racine, dont la plupart des recommandations ont largement été enterrées, a eu notamment le mérite de mettre au jour un « petit » scandale : l’Agessa, qui avait la charge de prélever les cotisations santé et vieillesse des artistes-auteurs, ne recouvrait en réalité que les premières. De bonne foi, les auteurs pensaient donc cotiser aussi pour leur retraite, mais près de 200 000 sont restés sur le carreau et se sont donc retrouvés avec des trimestres amputés (ils n’ont pas payé pour, mais ne pourront pas les récupérer au moment de leur retraite, même si la possibilité leur a été donnée de les « racheter »). L’Agessa s’en explique ici, et crie au manque de moyens pour recouvrer les cotisations vieillesse. Je ne saurais dire qui a raison ou tort, je sais juste que ce sont des milliers d’auteurs qui se retrouvent dans la mouise à cause de cette carence.

Pour pallier ce problème, un génie administratif a estimé que cette tâche devrait plutôt incomber à des types qui savent y faire, et qui mieux pour procéder au recouvrement que l’Urssaf ? Après tout, c’est son métier, c’est marqué dedans (Union de RECOUVREMENT des cotisations de Sécurité sociale et d’allocations familiales). Et comme la plupart des artistes-auteurs et de ceux qui les emploient sont basés dans le Limousin, c’est à l’Urssaf du Limousin qu’est échu ce bel honneur. On peut d’ailleurs le constater à travers la longue liste des personnalités liées au Limousin dressée par la non-exhaustive-mais-quand-même Wikipedia. Malheureusement, depuis, et à la surprise générale, on vogue de galère en galère, et la situation ne s’est pas tellement arrangée (disons que l’administration française a le don de nous faire découvrir des problèmes dont on ne soupçonnait même pas qu’ils pussent exister (et ça gratte)).

J’avais déjà eu affaire à l’Urssaf en entamant ma brève carrière de traducteur technique et de correcteur (professions non soumises au droit d’auteur et qui ne permettent donc pas d’être déclarées comme mes revenus habituels) : en quatre mois d’activité, j’avais réussi à frôler la centaine d’euros de bénéfices nets, voire à me retrouver dans le rouge par suite d’un double encaissement de mes cotisations par l’Urssaf. (Grâce à mon incroyable résilience, je sortis finalement vainqueur d’une longue guerre d’usure pour récupérer la somme indument perçue.) Autant dire que je n’étais initialement pas emballé à l’idée de passer une nouvelle fois sous leurs fourches coquines. N’étant pas d’un naturel mesquin, j’étais toutefois prêt à attendre et voir, encouragé en cela par le fait que « de toute façon c’est comme ça et pas autrement ». Et puis, objectivement, c’était assez indispensable avec l’arrivée du prélèvement à la source, ça allait quand même nous changer la vie, on allait voir ce qu’on allait voir. Spoiler alert : bof.
J’en reste là pour l’instant, vous imposant ce suspense insoutenable. Je sais, c’est inhumain, mais l’Urssaf aussi, alors bon.
Un avis sur « Urssafuffit maintenant (épisode 1) »