S’il y a longtemps que je n’ai rien raconté, c’est que je suis sur une autoroute de la trad : pas de nouveaux contrats signés, pas de nouvelles parutions, pas de nouvelles interrogations par rapport au texte en cours vu que c’est un tome 4. (Ah si, un peu : j’ai rencontré mes premiers « they » non binaires et mes premiers pluriels, en français dans le texte, à accorder au féminin même quand il y a un ou plusieurs éléments masculins dedans, je t’en reparlerai sans doute plus tard. Globalement, ça s’est plutôt bien passé, comme ma première rencontre avec un sourd-muet – karma is definitely a bitch, vu que j’évoquais justement ces difficultés, qui m’avaient jusqu’alors été épargnées, dans un billet pas si lointain, là.) En conséquence, je bosse en continu – ce qui est chouette aussi, mais sans doute pas passionnant pour le malheureux stagiaire de troisième désœuvré qui n’aurait personne d’autre à observer. Et comme c’est un gros bouquin qui va sans doute dépasser le million de cygnes (ça va faire un bordel !), j’ai tendance à rester sur mes rails et à ne pas digresser en m’attaquant à un article de fond. Cependant, comme tu me manques un peu (et surtout comme je risque de les oublier si je n’en parle pas assez vite), je mentionne malgré tout quelques lectures récentes qui m’ont bien plu.

Le Chameau sauvage, de Philippe Jaenada (Points)
J’avais entendu parler de Jaenada sans jamais m’y intéresser (j’arrive souvent après la bataille), jusqu’à tomber sur deux tweets vantant ses mérites et recommandant ce bouquin en particulier. Comme je suis de nature curieuse, je suis allé chercher Le Chameau chez mon libraire préféré. Et comme ma pile à lire fonctionne comme ma pile de fringues (je prends ce qui se trouve sur le dessus, quitte à oublier ce qui patiente en dessous), je l’ai entamé – et fini – assez vite. L’intrigue en elle-même est amusante (un homme (fugitivo-paranoïaque) tombe par hasard sur la femme de sa vie (bien barrée elle aussi (la scène de la rencontre est d’ailleurs absurde au possible)), et l’on suit avec plaisir les déboires (et les gueules de bois) du narrateur, qui défie le hasard et les probabilités dans l’espoir de la retrouver), mais c’est surtout le style, tout en digressions et en parenthèses qui se referment parfois longtemps après, qui m’a plu. En toute honnêteté, j’aurais volontiers raboté quelques pages, car les ressorts s’usent un peu au fil du texte et des nuits alcoolisées du protagoniste (de l’auteur ?), mais je le reprenais dès que l’occasion se présentait, ce qui est forcément bon signe, et suis arrivé au bout sans lassitude. Et, chose rare, il m’est arrivé à plusieurs reprises de rire tout haut en lisant (je ne saurais pas citer beaucoup d’exemples comparables).

L’Inconnu de la Poste, de Florence Aubenas (L’Olivier)
Cette enquête, qui se lit comme un roman et d’une traite, est une sorte de « Faites entrer l’accusé » chorale, où les acteurs (qui le sont parfois réellement) sont tous touchants d’authenticité. À mi-chemin entre les assises et « Strip-Tease », et sans jamais confiner au voyeurisme, ce livre nous entraîne dans une bourgade sans histoires, jusqu’à ce que. Étonnante d’objectivité dans sa manière de compiler témoignages et points de vue (forcément subjectifs), Aubenas rend passionnante une affaire dont tout le monde sort perdant. J’ai plusieurs fois dû résister à la tentation de m’autospoiler en allant voir les fiches Wikipedia relatives à ce drame et ses protagonistes (un surtout). Moi qui déteste les faits divers, je me suis laissé captiver par celui-ci parce qu’il dit beaucoup de l’humain et de son imprévisibilité (et parce qu’on a l’impression d’être dans un thriller bien ficelé), mais aussi de la ruralité, de la détresse et de l’état de toute une frange de la société qu’on oublie au profit de thématiques plus porteuses et racoleuses.

To be continued…
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