Voici donc le troisième opus de cette série de courts romans que, décidément, j’adore. Si les deux premiers peuvent être lus dans n’importe quel ordre, il me paraît opportun d’avoir lu Les Portes perdues (le tome 1) avant Sous un ciel…, car on retrouve ici certains lieux et personnages déjà évoqués précédemment. Difficile, donc, de faire l’impasse. L’algorithme qui semble se dessiner est le suivant : un texte choral se déroulant dans la pension des enfants indociles, un texte « biographique » centré sur l’un des personnages, un texte école, un texte perso, etc. C’est du moins ce que j’ai pu déduire de la lecture des quatre premiers (d’ailleurs, le quatrième sera lui aussi relativement indépendant).

Mais de quoi ça cause ?
Difficile de raconter une histoire aussi courte (on a affaire à une novella, à mi-chemin de la longue nouvelle et du court roman, j’en parlais déjà ici) sans trop en dire, alors je vais me contenter de planter le décor : les « enfants indociles » qu’accueille Eleanor West dans son école sont ceux qui, comme Alice chez Lewis Carroll, ont un jour franchi une porte étrange et atterri dans un monde imaginaire. Sauf que ces mondes imaginaires-ci sont bien réels, et que le retour dans notre monde bien à nous n’est pas toujours facile pour ces enfants, qui ont parfois disparu des années avant de reparaître. Cela contrarie évidemment les parents, qui, en fins pédagogues, vont placer leurs mioches dans une pension où ils ne leur causeront plus de soucis. Non, mais. Il est à noter que la plupart de ces jeunes (ou moins jeunes) gens n’aspirent qu’à retrouver leur porte pour regagner leur autre monde, sauf qu’elles n’apparaissent pas à la demande. Mais attention, ce n’est clairement pas de la littérature jeunesse : les thématiques sont difficiles et le contenu pas toujours tout public, je ne les conseille pas au gros jeune lecteur-cobaye que j’ai à la maison.

Et objectivement, c’est bien ?
Je te répondrais volontiers que « chacun ses goûts », mais il est à noter que Seanan McGuire, autrice multiprimée sous de multiples identités, a reçu les prix Nebula, Hugo, Locus et Alex pour Les Portes perdues (seulement finaliste du World Fantasy Award), que les suivants ont tous été au moins nommés pour le Hugo, et que Les Enfants indociles dans leur ensemble viennent de rafler un nouvel Hugo (celui de la meilleure série). Par ailleurs, il semble que Paramount ait acquis les droits d’adaptation, ce qui est toujours bon signe. Donc effectivement, chacun ses goûts, mais je ne suis manifestement pas le seul à surkiffer.

Seanan McGuire, Sous un ciel de sucre (Beneath the Sugar Sky), sortie le 15 février 2023 chez Pygmalion.
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