Nouveautés 2024 (1 à 4) : Godkiller, Enclaves dorées, Dragon Assassin, Sans laisser de traces

Bon, je savais qu’il me serait compliqué de continuer d’alimenter ce blog avec ma nouvelle double vie professionnelle, mais je ne pensais pas que cela prendrait une ampleur pareille. Or donc, plutôt que de courir après l’inaccessible et de me laisser sans cesse un peu plus distancer, je vais tenter de rattraper tout mon retard d’un coup afin de repartir sur de nouvelles bases (à moins que je me contente d’un résumé quadrimestriel, ce qui ne me semble pas être la meilleure des options, mais qui a l’avantage d’être un objectif plus raisonnable). Je sais qu’il me reste aussi ma liste des « 100 premiers » à terminer, ainsi qu’une refonte du site à accomplir vu qu’on n’y retrouve pas grand-chose, mais il faut bien (re)commencer quelque part. Voici donc toutes mes traductions inédites parues en 2024, par ordre chronologique de sortie.

Hannah Kaner, Godkiller, De Saxus, 11 janvier 2024 (665 000 signes)

(c) Tom Roberts / Volodymyr Feshchuk, Eilean Books

En résumé

Imagine-toi un monde polythéiste dont les dieux ont été bannis (le world-building est un peu plus complexe que ça, mais on le découvre au fur et à mesure du roman, je te laisse donc ce plaisir). Malheureusement, le dieu n’est globalement pas très obéissant, et il suffit qu’on se (re)mette à croire en lui pour qu’il (ré)existe. Kissen est chargée de faire respecter l’interdiction en les traquant et les éliminant : elle est déicide, et c’est un full-time job. Inara est une fille de nobles dont l’existence est cachée à tous ; elle est inséparable de Skedi, un dieu mineur des mensonges pieux. Vient enfin Elogast, ancien compagnon d’armes du roi devenu boulanger, ça ne mange pas de pain. Ce sont les quatre personnages/points de vue de l’histoire, dont les routes vont évidemment être amenées à se croiser, les uns ayant besoin des autres pour accomplir leur quête personnelle.

Difficultés

Hannah Kaner ne s’est clairement pas facilité la tâche pour ce premier roman choral, mais elle s’en est tirée à merveille, et le fait de jongler entre ces personnages nous permet de découvrir alternativement leurs actes et ce qui les motive ; on en sait donc généralement plus sur chacun que les autres protagonistes (qui ont cependant l’avantage non négligeable de mieux connaître que nous le monde dans lequel ils évoluent). La principale difficulté de ce texte du côté de la trad était de limiter les répétitions et les lourdeurs que l’anglais permet d’éviter dans nombre de cas grâce aux pronoms possessifs : on compte deux « he » et deux « she » parmi les protagonistes, et la VO permet souvent d’éliminer deux possibilités d’emblée (« it belonged to him/her »), alors que la VF impose de spécifier (« cela appartenait à Kissen/Inara/Skedi/Elo ») pour éviter de générer un flou (« cela lui appartenait »). Le foisonnement est donc un peu plus élevé qu’à l’accoutumée, mais cela m’a semblé nécessaire.

Pour l’anecdote

Je pensais me lancer dans un livre seul quand j’ai entamé le travail de traduction, avant de découvrir qu’il s’agirait d’une trilogie. À mon grand désarroi (je déteste abandonner un projet en cours, et j’ai adoré cet univers), je ne serai pas en mesure de traduire la suite, tu comprendras pourquoi plus tard dans l’année. Mais sois rassuré, je tiens ma bible à la disposition de mon successeur, et je répondrai volontiers à toutes ses questions éventuelles sur mes choix ou autres, il ne devrait donc pas y avoir d’incohérences d’un tome à l’autre.

Naomi Novik, Les Enclaves dorées (The Golden Enclaves), Pygmalion, 14 février 2024 (804 000 signes)

Faceout Studio/Jeff Miller/Studio J’ai lu

En résumé

Dernière « leçon » de la Scholomance, cet opus était très attendu par les fans (dont je fais partie), pour cause de cliffhanger insupportable à la fin du T2 ! Si tu ne connais pas encore cette série, sache que la Scholomance est une école de magie où les élèves sont inscrits pour les protéger des monstres qui grouillent dans le monde extérieur (les maléficarias), mais que comme la vie n’est pas un centre de thalasso all-inclusive, ben on y meurt quand même, dans cette école. Mais moins qu’en dehors, ce qui fait que dans l’ensemble, ça pourrait être pire. Ça a presque un côté quantique, parce que les élèves ne savent pas si leurs parents sont encore vivants dans le monde extérieur, et réciproquement, tout le monde est donc à la fois mort et vivant.

Quant aux enclaves dorées, c’est cette vieille façon qu’on avait de créer des enclaves dans tous les bons spots de magie, où on s’isolait du reste du monde (et donc des bestioles qui veulent te grignoter le cerveau en s’attaquant d’abord à tes orteils de magicien parce que c’est plus rigolo). Et c’est ce que notre héroïne, El, est déterminée à essayer de créer.

Difficultés

Arthur Slade, Dragon Assassin – 2 – Sang Royal (Royal Blood), PKJ, 4 avril 2024 (446 000 signes)

Fabrice Bertolotto

En résumé

Difficultés

Là encore, elles avaient pour l’essentiel été tranchées lors du tome 1.

Marisa Urgo, Sans laisser de traces (The Gravity of Missing Things), PKJ, 18 avril 2024 (486 000 signes)

Nicolas Caminade

En résumé

Violet est une ado qui rencontre pas mal de difficultés (pléonasme ?), au point de se scarifier (un grand secret qu’elle ne partage qu’avec sa mère, elle aussi passée par là). Sa sœur, Savannah, est plus proche de leur père. Et le soir de la comédie musicale de l’école (Violet travaille en coulisses, même si elle rêve d’être sur les planches), c’est le drame : la place réservée à sa mère, commandante de bord, reste vide. Et l’avion que celle-ci était censée piloter de Rio à New York a disparu sans laisser de traces. Accident, suicide, complot ? Toutes les théories vont y passer, grâce notamment aux fake-news allant bon train sur Internet…

Des thématiques fortes

Difficultés

Pour une fois, le présent s’est imposé de lui-même, sans que je parte bille en tête au passé simple. Le ton ne collait tout simplement pas, je m’en suis rendu compte dès le premier paragraphe. Et vu le drame qui se noue, l’immédiateté que crée le présent sert vraiment le texte.

Il y a aussi les histoires d’adresses au lecteur, souvent présentes dans les textes à la première personne. Il existe diverses manières de les rendre : par le tu, le vous singulier, le vous pluriel, le on ? Ici, j’ai considéré qu’elle s’adressait en tête à tête à quelqu’un de son âge, j’ai donc opté pour le tu, mais les autres choix auraient aussi bien pu se justifier.

Prochains projets

Cette première récolte est donc assez diverse et prometteuse ; trois de ces livres relèvent des littératures de l’imaginaire, mais il y en a un en jeunesse et un autre en fantastique plutôt qu’en fantasy. Un panel assez large, donc, qui ne m’a pas laissé le temps de m’ennuyer. Les prochaines nouveautés que tu devrais voir apparaître sur ce site traiteront de fantasy historique nordique, de crimes en pantoufles et de livres d’activités pour les très petits, il me tarde de te raconter ça ! En attendant, j’ai deux autres chantiers en cours (dont un colossal), plus toute mon activité d’éditeur qui m’occupe et m’amuse énormément. Je pourrais d’ailleurs consacrer un billet à l’enchaînement foire de Bologne/festival du livre de Paris qui m’a laissé sur les rotules, mais il faudrait pour ça que je crée un autre site et je t’avoue que j’ai un peu la flemme. Mais je te parlerai sans doute de mes projets éditoriaux par la voix des traductrices et traducteurs avec lesquels je travaille, c’est dans les tuyaux !

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