Fini. Finifinifinifinifinifinifinifinifinifinifini. J’ai fi-ni. FINI ! C’est à peu près l’état d’excitation dans lequel je me trouve après avoir fini (oui, tu as bien lu, fini) ce projet monstre qui m’occupe depuis juillet (celui dont je t’ai parlé là, là et là). C’est pourtant pas la première fois que je finis (finis !) une trad, mais celle-ci a vraiment une saveur particulière. Quand j’ai enfin reçu le texte dont l’éditeur me parlait depuis si longtemps, je dois avouer que j’ai eu un coup de flip. Pas une crise d’angoisse à proprement parler, mais des palpitations, la gorge sèche et les mains moites – vraiment, comme pour mon premier boulot. Parce que l’enjeu, parce que les délais, parce que la taille. Il faut dire aussi que j’avais un autre projet à boucler, et des vacances à passer (sur lesquelles j’ai un peu empiété, mais à peine). Bref, j’ai réussi à finir (tu vas finir par le savoir), et dans le temps imparti (à condition de ne pas me planter sur la relecture, mais vu qu’un tiers est déjà bouclé, ça devrait le faire).
Le paragraphe suivant ne va parler que de chiffres, tu peux le sauter si tu n’aimes pas ça. (Mais ce serait dommage, c’est mon passage préféré. Personnellement, c’est un tic d’ancien matheux, je trouve qu’ils ont un côté rassurant, alors j’ai tendance à en voir/mettre/chercher partout.) On a donc un roman en quatre parties + des annexes (395+377+789+323+46=1 930 milliers de signes et quelques bananes, je pense qu’il s’agit de mon record personnel), un lexique de 558 entrées (mais le glossaire en fin d’ouvrage n’en compte « que » 37, ce sont donc essentiellement des choix de trad plutôt que des termes réellement inventés), au moins 61 personnages ayant des interactions nécessitant un choix entre le tutoiement et le vouvoiement, et (seulement) 14 personnages non humains pour lesquels j’ai dû me faire une note pour ne pas me planter de genre. (Ah oui, et aussi quatre cartes, dont une sur une double page, je ne dois pas oublier de les traduire aussi, merci de me l’avoir rappelé.) Petite facétie dont je ne t’ai pas encore parlé : mon « besoin » de chiffres me pousse quotidiennement à noter mon avancée (en milliers de signes) sur un petit papier à part, et à effectuer au moins une fois par jour une règle de trois pour calculer le nombre de signes total, le pourcentage déjà effectué et le nombre de jours de boulot encore nécessaires pour arriver au bout. L’objectif que je me fixe quotidiennement étant un minimum, je ne me plante généralement pas de beaucoup, ou alors dans le bon sens.

En temps normal, après un boulot pareil, je m’autorise une catharsis, une vraie coupure de quelques jours pour purifier mes chakras et purger mes toxines, avec rasage de cheveux et de barbe, prélassage dans une hutte à sudation, plongeage dans un lac gelé, sirotage de cocktails au bord d’une lagune et torchage de vin chaud en haut d’une piste de ski, binge-watchage de séries et geekage sur la console. Ou au moins, je m’accorde 3-4 jours à rien foutre, avant d’attaquer le chantier suivant. Or, il se trouve que j’ai un autre texte à rendre début novembre, ce sera donc plutôt enchaînage avec le prochain boulot (une novella, heureusement) et à mon bureau, en un zeugma dont je ne suis pas peu fier. (Et voyage de recherches studieux.)
Après, à moins d’un oubli de ma part, ça se calme un peu, et je n’ai plus rien à rendre avant février (puis re février, puis mars, puis avril, puis juillet, puis août, puis octobre, mais on aura le temps d’en rediscuter).
En ce jour de nuit tombée (on a eu grand beau et 25° toute la semaine, et voilà qu’on se retrouve toutes lumières allumées à 10 heures du mat parce qu’on ne voit rien d’autre que d’énormes nuages noirs), je laisse tomber provisoirement mes petits dragons et m’en vais rêver distraitement. Radical changement d’ambiance en perspective (et c’est ma joie) !
CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP
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